Visuel
échiquier
Atelier EMI : représenter graphiquement une controverse
Objectif détaillé
  • Éveiller son esprit critique en cartographiant l'information
  • Différencier prise de parole sur les réseaux sociaux et éditorialisation de l’information journalistique
Public visé/niveau
Lycée, 1ère année sup.
Matériel
  •  
    • Post-it ;
    • Tableau ;
    • Ordinateurs ou tablettes.

Si l’animateur souhaite travailler avec le numérique, il pourra utiliser soit un mur d’affichage virtuel : Scrumblr, Padlet, soit des logiciels de cartes heuristiques : Framindmap , GitMind, Lucidchart

Moyens humains
  • 1 médiateur pour 9 à 12 participants. Organisation en groupes de trois.
Durée
3h (2 parties distinctes d'1h30)
Auteur
Marie-Laure de Capella; Agnès Defrance
Compétences mises en œuvre
  • Savoir rechercher, sélectionner, évaluer, organiser, l’information et qualifier ses sources : leur fiabilité et leur pertinence ;
  • Connaître et comparer des médias selon les représentations du monde qu’ils transmettent et se positionner par rapport à celles-ci ;
  • Savoir reconnaître les enjeux culturels, économiques et sociaux qui caractérisent les institutions médiatiques et qui influencent l’évolution des systèmes médiatiques ;
  • Savoir questionner les enjeux de pluralité d’opinion dans un contexte médiatique : influences, théories du complot, lobbies, etc. ;
  • Savoir analyser les représentations et sensibilités véhiculées par un contenu et savoir objectiver son interprétation.

 

 

Description

Première partie (1h30) :

Il ne s’agit pas de répondre à la question posée par l’animateur mais bien de prendre conscience des différents aspects du sujet et des différents acteurs impliqués.

  • Séquence 1 (15’) : Présentation de l’atelier.

Le médiateur se présente et demande aux participants de se présenter en se positionnant sur un sujet de vie quotidienne en débat. L’animateur choisira le sujet en fonction des participants.

Êtes-vous pour ou contre… ?

Ex : la trottinette électrique, les pistes cyclables, la voiture électrique, etc.

A la fin de la séquence, les participants doivent comprendre la notion de pluralité d’acteurs, de pluralité d’opinions. L’animateur définit alors la notion de controverse.

  • Séquence 2 (45’) : A partir d’un sujet choisi (ici la voiture électrique), les participants vont lister, sans recherches préalables, les différentes personnes qui peuvent être concernées par le sujet.

Pour notre exemple :  constructeur, utilisateur professionnel et particulier, organisations écologistes, fournisseur d'électricité, concessionnaire, économiste, publicitaire…

  • L’animateur attribue à chaque groupe le rôle d’un ou deux acteurs de la controverse, sur lesquels ils vont travailler.

Puis, sur des post-it de la même couleur, ils mentionnent pour chacun des acteurs

  • Profils

Statuts

Niveau d’expertise

Niveau d’intention communicationnelle

Dans un deuxième temps, sur un post-it d’une autre couleur, les participants listent :

  • Enjeux : écologique, économique,

Faits : incitation financière de l’Etat pour l’achat d’une voiture électrique, accroissement du nombre de modèles sur le marché, accroissement des bornes de recharge, véhicules de la poste et d’autres organismes qui affichent “je roule à l'électrique".

Objections : techniques (vitesse, capacités kilométriques), peu de bornes de recharges, économiques, ressource nucléaire

Réflexions : La voiture hybride peut-elle faire consensus ?

 

Séquence 3 : confrontation et réalisation de la carte

 

Sur un mur, les participants positionnent les post-it. Le médiateur anime un temps d’échange où les participants explicitent les propositions. Ensemble ils regroupent les post-it en associant les deux couleurs et en créant des liens entre les différents acteurs, en formant différents positionnements sur le sujet. Enfin, ils dressent une carte des acteurs de la controverse et organisent les différents groupes d’opinions qui vont débattre[I1] .

 

Deuxième partie (1h30) : Recherche et restitution sous forme d’un débat

 

Séquence 4 (1h) : Le médiateur donne à chaque groupe un profil avec les arguments développés.

 

Point de vigilance : il est important de ne pas laisser aux participants le choix de leur profil. Dans les recherches d’information, et plus particulièrement sur des sujets de controverses, nos émotions, nos propres opinions, notre logique, nos sentiments personnels influencent notre démarche et le choix des résultats.

Les participants effectuent des recherches d’informations permettant de nourrir les arguments de leur profil. Un participant effectue des recherches sur Internet à partir de moteurs de recherche. Une seconde recherche sur la presse en ligne. Le troisième se concentre sur le réseau social Twitter en remontant un fil d’actualité avec un hashtag donné par l’animateur en fonction du sujet. Ici #voitureélectrique.

Le médiateur a distribué un tableau permettant aux participants de collecter leurs informations et de vérifier leurs sources : auteur, fonction, expertise, type de document (enquête, témoignage, article de presse, article scientifique), date de publication, etc. La recherche va pondérer les premiers arguments sur le sujet et faire apparaître des[I2]  rapprochements ou éloignements avec d’autres profils. Chaque groupe pourra ainsi regarder régulièrement la carte des représentations pour interroger à nouveau ses arguments.

A la fin de cette séquence, les trois membres du groupe confrontent leurs informations et leurs sources. Ils pourront s’interroger sur l’autorité de la source en confrontant également les médias.

L’ensemble des participants se rapprochent de la carte, qu’ils font évoluer en plaçant des post-it d’une couleur différente mettant en évidence les faits, les preuves, les hypothèses, etc.

 

 

Séquence 5 (30’) : Questionnement

 

En conclusion de l’atelier, le médiateur questionne les participants sur celui-ci, sur la démarche d’investigation.

Les informations trouvées ont-elles modifié votre point de vue et celui du profil que vous représentez ?

Quels arguments garderiez-vous pour un débat ?

La controverse sur les RSN vous paraît-elle lisible ? Quels sont les acteurs ? Sont-ils les mêmes que dans les recherches sur Internet ?

Que pouvez-vous voir apparaître en confrontant les différents types de sources ? Sur lesquelles pouvez-vous fonder vos arguments ? Lesquelles sont-elles les plus fiables, les plus pertinentes ?

 

ENCADRÉ:

La carte des controverses :

Créée à l’école des Mines Paris-Tech par Bruno Latour à la fin des années 90. Centrée ici sur les faits scientifiques, elle est reprise dans plusieurs écoles de l’enseignement supérieur dont Sciences Po Paris, mais aussi dans l’enseignement secondaire.

Il s’agit de rendre compréhensible pour les lycéens et les étudiants la complexité des controverses et leur circulation. La carte permet d’appréhender, en le clarifiant, le paysage médiatique, Elle permet de prendre du recul sans prendre parti et en analysant la dynamique des différents médias.

Fondée sur l’incertitude, la mise en perspective de différentes sources d’information, l’analyse de leur fiabilité puis de leur pertinence dans la controverse, elle permet de développer des compétences informationnelles

Les controverses Paris Mines : https://controverses.minesparis.psl.eu/presentation/

Les controverses sur le site de Sciences-Po : https://controverses.sciences-po.fr/

 

Références bibliographiques

 

Michel Briand, « Traiter les questions socialement vives, ou comment faire entrer les apprenant.e.s dans la complexité du monde par la pédagogie de l’enquête », in Innovation pédagogique,  Institut Mines-Télécom, octobre 2019. [En ligne] (sur les travaux de Jean Simonneaux).

 < https://www.innovation-pedagogique.fr/article5717.html >

 

Romain Badouard, « “Je ne suis pas Charlie” Pluralité des prises de paroles sur le web et les réseaux sociaux », in Le défi Charlie. Les médias à l’épreuve des attentats, 2016. [En ligne] 

< https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01251253 >

 

Méadel Cécile, « Les controverses comme apprentissage », in Hermès, La Revue, 2015/3 (n° 73). [En ligne] < https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2015-3-page-45.htm >

 

Franck Rebillard (dir.), « Internet et le pluralisme de l’information », in Réseaux, n°176, 2012.

 

Emmanuel Marty, Franck Rebillard, Stephanie Pouchot, Thierry Lafouge. Diversité et concentration de l’information sur le web: Une analyse à grande échelle des sites d’actualité français, Réseaux, La Découverte, 2012, 30 (176), pp. 29-72. [En ligne]

< https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00836651/document >

 

Site ControverSciences : https://controversciences.org/

 

 [I1]J'imagine que ce n'est ni possible ni prévu mais ici, une photo serait la bienvenue !

 [I2]créer, faire apparaître ?