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Biographie

Benjamin Brillaud, vidéaste web et vulgarisateur français. Principalement connu pour être le créateur de la chaîne YouTube Nota Bene, sur laquelle il parle en particulier d'histoire et de mythologie. Benjamin Brillaud est reconnu pour ses compétences en montage vidéo, et ses vidéos servent parfois de support pédagogique dans le système scolaire.
Nota Bene, est aussi une bande-dessinée, scénario de Benjamin Brillaud et Mathieu Mariolle, dessins de Christian Paty, aux éditions Soleil Productions. 3 tomes ont déjà paru : Petites histoires, grands destins ! (Tome 1), 2019 ; À la rescousse de l'histoire (tome 2), 2019 ; La mythologie nordique (tome 3), 2020.

Conversation sur la vulgarisation scientifique et les réseaux sociaux avec Benjamin Brillaud, créateur de la chaîne YouTube Nota Bene
Interview

1-Pouvez-vous en quelques mots définir la vulgarisation?
Quand j'ai commencé à travailler sur YouTube, on m'a beaucoup parlé de vulgarisation, pour moi il s'agit de transmettre un savoir en le rendant accessible au plus grand nombre. C'est sans doute la définition que beaucoup donneront de ce que nous faisons aujourd'hui, mais j'ai toujours préféré employer le terme de médiation, puisque pour moi il s'agit de faire le pont entre les travaux des historiens chercheurs et le grand public. Étant à la tête d'une rédaction, on pourrait également rapprocher mon travail de celui d'un journaliste scientifique tout simplement.

 2- Pensez-vous qu'on assiste, grâce à l'internet, à un renouveau de la vulgarisation ?
Je ne suis pas sûr qu'on soit sur un stade de renouveau de la vulgarisation, puisqu'à ce niveau-là Internet n'a rien inventé. Des travaux de vulgarisation existaient déjà avant Internet que ça soit à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite.

Ce qui est certain, c'est qu'Internet a donné la possibilité à chacun de pouvoir y prendre part, sans devoir passer par une étape de sélection qu'induisent les médias plus traditionnels ; Aujourd'hui, tout le monde peut s'exprimer sur Internet et on a vu la construction de tout ça s'opérer petit à petit. Les blogs de scientifiques ont été une étape clé dans la vulgarisation sur le web, notamment à travers des initiatives comme le Café des sciences, puis petit à petit, cette parole a commencé à prendre d'autres formes, pour conquérir de nouveau publics. Aujourd'hui, on fait de la vidéo sur YouTube, mais on s'adapte aussi aux différentes plateformes de partage, comme Instagram, Facebook, Twitch ou encore Tiktok qui nous permet de nous exprimer autrement et de toucher un autre public, c'est une évolution plus qu'un renouveau. 

3- Dans le cadre de votre activité, vous êtes-vous posé la question des fake news et des théories complotistes et que préconiseriez-vous pour les déconstruire ?
Le travers de ce partage massif et facile d'informations, c'est qu'effectivement on peut très vite dire, ou trouver, n'importe quoi. Depuis le début, sur mes vidéos, j'essaye d'être le plus honnête possible à propos des sources et de la méthodologie que j'utilise. Il est important pour moi que chacun puisse s'y référer et comprendre d'où vient ma réflexion. Au fur et à mesure, j'ai pu m'entourer d'historiens qui ont d'abord accepté de relire mes scripts, puis avec qui j'ai pu collaborer pour l'écriture de mes vidéos. Quand on a une audience aussi importante, il y a une responsabilité dans la diffusion de l'information, il ne faut jamais l'oublier. Il y a aussi des choix éditoriaux à faire pour combattre le complotisme et les fakes news. Là-dessus, il y a selon moi deux approches, qui ont chacune leurs qualités. Tout d'abord, aller cibler spécifiquement des contenus problématiques et les déconstruire, ligne par ligne, seconde par seconde s'il s'agit d'une vidéo. C'est un travail qui peut porter ses fruits mais qui est très long, très fastidieux et qui souvent ne rencontre pas l'écho qui a bénéficié au contenu problématique de base. De plus, ce genre d'approche, si je la trouve salutaire, peut selon moi davantage braquer les gens qui adhèrent de prime abord au contenu déconstruit. Ce n'est donc pas la méthode que j'utilise prioritairement. Je préfère la seconde option : élaborer de nombreux programmes de fond sur des sujets chauds, exposer la manière dont on écrit l'Histoire et développer l'esprit critique des internautes en prenant des exemples qui parfois sont totalement dépassionnés (sur des sujets lointains et inconnus) mais qui peuvent tout à fait se transposer sur des problématiques actuelles ou enclencher une réflexion. Je ne pense pas qu'il y ait de solution miracle pour lutter contre ce fléau, mais toutes les initiatives sont bonnes à prendre car le phénomène continuera de s'accentuer. 

4- Croyez-vous qu’il est important de former les jeunes à l’utilisation d’internet ? Quels seraient vos conseils?
C'est primordial. Dans le flot d'informations constant qui nous parvient, chacun doit apprendre à mettre en place des mécanismes pour se défendre contre les fakes news, car même ceux qui sont formés à l'esprit critique ne sont pas à l'abri de prendre pour argent comptant une fausse information diffusée sur internet ou sur d'autres médias d'ailleurs. J'ai la sensation, peut-être à tort (je n'ai pas de données), que les publics qui ne sont pas familiers des usages informatiques sont d'autant plus sujets à tomber dans les pièges des fakes news. La plupart des jeunes profils qui me semblent être dans une démarche positive et pro-active ont en général des parents qui savent comment utiliser internet. Il me paraît donc important de pouvoir enseigner l'esprit critique et l'usage d'internet à l'école, car tous les jeunes n'ont pas la chance d'avoir des parents au fait de ces dangers.